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manga no kumi
5 février 2009

Je me promène le soir, sous les arbres

Je me promène le soir, sous les arbres effeuillés,

Le vent souffle glacial dans leurs rameaux d’hiver ;

Une brise alanguie, descendue des cieux clairs,

Mélancolique et blanche, agite les forêts.

Je suis sa trace froide, mollement délaissée,

Dans le calme du soir, doucement effacée.

Tel un Ulysse lassé d’un périple sans fin,

Je n’espère plus, ô dieux, la venue du matin.

Tel un fils de la pierre naît des colères de l’onde,

J’ai voulu contempler le sublime du monde,

Embrasser de ma vue la suavité féconde,

Découvrir et combattre des Gorgones immondes.

Mais fruit d’une main maudite par Thémis enhardie,

Je n’ai put ô mes pères, sur terre et sous les cieux,

Que mourir chaque jour, enchaîné par les dieux,

Et m’enfoncer encore dans l’ombre de la nuit.

Oh ! Une fois encore, tel un fugace rêve,

Le soleil éclatant du vesper du vesper rougeâtre,

S’éteint aux confins rouges d’une étendue glacial ;

Voyez ! La nuit s’avance sur les hauteurs glacées,
Entrainant avec elle, la montante marée.
Les flots impétueux de l’océan furieux,
Gravissent sans pitié les montagnes des cieux !
Abattus, ces monts sacrés, vaincus à jamais !
Renversés par une vague amer, ils trépassent,
Victimes de Neptune et puis du temps qui passe ;
Leurs yeux se sont voilés du haut de leur acmé,
Et le complot infâme qui les devait tué,
Ils ne s’en aperçurent qu’une fois trépassé.
Gronde, Tonnerre ! Gronde ! Sois fort comme les jours d’antan !
La terre est retournée de tes accents puissants,
Et les flots mugissants accompagnent tes bruits ;
La terre est recouverte d’une infâme incurie.
Il n’y a sur le monde que le chant silencieux
Des rameurs vigoureux qui frappent l’onde en cadence ;
Et la senteur fugace de ces douces fragrances
Que les anges épanchent de leur vol harmonieux.

Ô immensité liquide ! Surface impassible !
Regardez ! Regardez ! Quel tourment pénible
Vous infligez aux races et aux peuples innocents !
Voulez-vous que les hommes agonisent dans leur sang ?
Voulez-vous voir la perte des races de demain ?
Ô détestables acteurs du destin des humains !
De vos pouvoirs méchants, de votre main cruelle,
Ne pouviez frappez le sort et l’infortune,
Ou l’horloge sonore ou des mortels l’urne ?
Ô misérable ! Le monde se meurt de vos fiels !

Et pourquoi ce carnage, pourquoi cette infamie ?
Pourquoi cette algarade et de sons et de bruits ?
Quoi ? Qu’entends-je ? Eaux limpides, avez-vous bien parlé ?
Êtes-vous assurée de votre entier succès ?
Hier, dites-vous, à l'heure ou diverge le sort,
Vous avez...ô Harpies ! Osez choisir leur mort ?
Peut-on croire aujourd’hui une telle folie ?
Nulle part en ce monde ils n’ont de lieu ou fuir,
Car la terre est un lieu dont ils ne peuvent partir ;
C’est leur demeure sacrée où ils vivent leur vie !
Et nul jusqu’à ce jour n’en put les déloger ;
Ni Moïse qui fendit une mer de sang,
Ni Carthage qui tua une foule d’innocent,
Ni même les fauves d’Afrique au pelage délavé !
Croyez-vous, ô ingrates, passé outre les dieux ;
Enlever des leur champs la semence de la terre,
L’alchimie délicate de toute une vie entière ?
Diantre ! Je vois passer en vous le trouble de vos yeux !
Sachez-le, versatiles rivières, eau gracieuse,
Apprenez de ma voix la vérité rageuse :

Les Atlantes ne sont point sous l’onde de Neptune,

Prisonniers de son joug et de son amertune ;

Leurs âmes vibrent encore à la venue de jour,

Et leurs cœurs courageux de leur affreux séjour,

D’une ardeur sans pareil, éternel et sublime,

Implore le seigneur de la foudre.

Contemplez, ô hommes, les vertus ancestrales !

Aujourd’hui enfermés dans une cangue claustrale,

De vos paroles dévotes implorant votre Dieu,

Vous ne savez plus vivre en contemplant les cieux ;

Ne voyez-vous point dans les astres brillants,

Luire les frontons de nos temples, fiers et éclatants ?

Eole agite les signes de la prospérité,

Les gonfanons se livrent au vent, emblème de paix ;

De douces senteurs d’ambres virevoltent au zéphyr,

Et les hommes saluent le tout puissant empire.

Les naïades gracieuses dansent sous les flots,

Les nymphes attirantes charment les rois des eaux ;

On entend rire au loin les filles de Lesbos,

Compagnes et suivantes de l’ivrogne Morychos.

Que de joies, que d’amour vivent entre ces saints murs !

Il y’a en ces terres tranquille le chant mirifique

De l’oisiveté féconde, de la beauté mystique

Qui défie le voile de la réalité dure.

Et l’oiseau vole, bats de ses ailes d’argent !
Frappe le flot de l’air ses flancs harmonieux,
Glisse dans l’univers sur ses ailerons gracieux !

Voyez, là-haut, par delà le soleil ardent
S’ouvrir le paradis ? Ô terre d’éternité,
Plaine de félicité, ô charmante contrée !

Ô vous que j’aimais sous ma lune natal !

Je rêve encore, je songe au passé qui s’efface,

Aux clepsydres d’airain et puis au temps qui passe…

Ô Chronos, père des dieux, horloger céleste,

Toi dont la main

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